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Cameroun: le Grand Dialogue National mettra t-il fin à la Crise Anglophone?

Après 3 ans de guerre civile dans les régions du Nord Ouest et Sud Ouest du Cameroun qui a fait plus de 3000 morts, 550 000 déplacés dont environ 50 000 réfugiés au Nigéria voisin, Paul Biya, 87ans dont 37ans comme chef de l’état du Cameroun, annonce un dialogue national pour rechercher des solutions à la crise anglophone.

Dès le début de la crise en 2016, la société civile camerounaise, des personnalités politiques et influentes avaient fait un appel au dialogue inclusif. Dès 2017, les Nations Unis appellaient eux aussi au dialogue. En 2019, l’Union Africaine, l’Union Européenne, les Etats Unis, la Suède et plusieurs autres Etats appellaient à leur tour le gouvernement camerounais a ouvrir un dialogue national inclusif afin de résoudre cette crise transformée en lutte armée et ayant causé de nombreux morts et déplacés.

Pendant ces 3 années, la stratégie du gouvernement camerounais a été d’arrêter et emprisonner tous les leaders anglophones et francophones réclament la fin de cette guerre civile. Dans le même temps, leur discours au niveau national et international était de dire qu’il n’ya pas de crise anglophone au Cameroun.

L'annonce le dialogue national par Paul Biya, au soir du 10 septembre 2019, est perçu par la communauté nationale et internationale comme un espoir de fin de crise. Cependant, le dialogue qui se tiendra du 30 septembre au 4 octobre 2019 est tout sauf inclusif comme souhaité par tous ceux qui faisaient appel au dialogue national inclusif.

Alors que tous les leaders prisonniers politiques sont maintenus en détention, les personnes conviées au dialogue national sont pour la plupart soit des membres du gouvernement camerounais soit du parti politique de Paul Biya, le RDPC. Le gouvernement camerounais a par ailleurs invité plusieurs leaders anglophones au Grand Dialogue National sans toute fois lever le mandat d’arrêt international émis contre ces derniers. Sachant qu'en 2017, alors que des discussions en cours entre les membres du gouvernement et des leaders anglophones avaient été interrompues en pleine séance, les leaders anglophones arrêtés et détenus pendant 7 mois, il est clair que ceux qui se savent aujourd’hui recherchés par le gouvernement camerounais ne se présenteront pas à un Dialogue National organisé et présidé par ce dernier.

En outre, si les 4 premières commissions ( i. Bilinguisme, diversité culturelle et cohésion sociale, ii. Système éducatif, iii. Système judiciaire, iv. décentralisation et développement local) traitent des facteurs ayant été à la source de la crise anglophone, il y a lieu de se demander comment implémenter les résolutions prises par les 3 commissions suivantes (v. Reconstruction et développement des régions touchées par la crise, vi. Retour des réfugiés et des personnes déplacées, vii. Désarmement, démobilisation, réinsertion des ex-combattants) sans un cessez le feu?

En effet, pendant cette semaine de Grand Dialogue National, les groupes séparatistes armées et les forces armées et de sécurité continuent de s’entre-tuer dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest. Aucun cessez-le feu n’a été prévu par le gouvernement camerounais. Pensent-ils vraiment pouvoir mettre fin à la guerre sans cessez-le feu juste parce qu'ils auront convoqué un grand dialogue national?

De grands espoirs sont fondés sur le Grand Dialogue National. Vendredi, 4 octobre 2019. Nous serons fixés après la lecture du rapport général des résultats des travaux des commissions.