Les risques sécuritaires au Cameroun en bref

Les risques sécuritaires au Cameroun en bref

Lorsque le Cameroun obtient le retrait des troupes nigérianes de la péninsule de Bakassi avant le 14 août 2018, après une longue procédure judiciaire, savamment menée par le Professeur Maurice Kamto, le Cameroun peut enfin souffler après plus de 14ans d’affrontements ayant conduit au décès de nombreux militaires camerounais.

En 2013, la guerre civile inter-communautaire en République centrafricaine entraîne des troubles dans la régions de l’Est du Cameroun. En effet, plusieurs rebelles fuient se réfugier dans cette région voisine de la République centrafricaine. Le gouvernement camerounais tente bien que mal de neutraliser la situation et les conséquences négatives sur la vie de la population. Aujourd’hui encore, des incursions dans la région sont enregistrées de temps à autres avec des crimes comme, vols, destruction de biens, violences sur les populations.

En 2014, le Cameroun entre officiellement en guerre contre Boko Haram, mouvement islamique ayant commis de nombreux massacres tels que des attentats, des enlèvements populations civiles de toute confession contre rançon, destruction de biens, tueries. Le Cameroun obtient le soutien, matériel, financier et logistiques de plusieurs alliés dans cette guerre pour combattre efficacement Boko Haram. Début 2019, certains alliés considèrent que le Cameroun n’est pas assez volontaire dans la recherche de solutions pour la résolution de la crise anglophone au Cameroun. Pour cette raison, ils ont décidé de retirer partiellement ou totalement leur soutien au Cameroun dans la lutte contre Boko Haram.

En fin 2016, la crise anglophone a débuté par des manifestations pacifiques d’enseignants et d’avocats dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest (essentiellement à Bamenda et à Buea) protestant contre les conditions de travail inadaptées à leur culture juridique (Common Law) et linguistique (anglais), étant rappelé que des textes de lois appliqués dans ces régions ne font pas systématiquement l’objet de traduction en anglais et que dans des écoles anglophones sont affectés des enseignants francophones ne sachant pas s’exprimer en anglais. La réponse du gouvernement a été une répression violente, avec des arrestations massives des leaders et membres du consortium pourtant instauré en vue d’un dialogue, des viols et violences sur des étudiants par les agents de forces de l’ordre sont décriés : cela a engendré la radicalisation du mouvement et les groupes séparatistes ont saisi l’opportunité d’émerger. Les plus extrémistes exigent la sécession sous le label Ambazonie et les plus modérés des anglophones demandent la fédération, mais tous sont unanimes dans le rejet de l’Etat sous sa forme actuelle.

Selon le rapport de International Crisis Group du 2 mai 2019, la crise anglophone est à l’origine du décès de plus de 1850 personnes, 530 000 déplacés dont environ 35 000 au Nigéria. De nombreux enfants ne sont plus scolarisés depuis 2 à 3 ans car de nombreuses écoles ont été incendiées et la population menacée d’exactions par les groupes séparatistes s’ils se rendent dans les établissements scolaires. D’un point de vue économique, les pertes se chiffraient en juillet 2018 à près de 410 millions d’euros, 6434 emplois formels et environ 8 000 emplois menacés.

La crise anglophone s’enlise et prend la tournure de guerre civile face à l’obsession du pouvoir en place de ne pas tenir un dialogue national inclusif tel que recommandé par les Nations unies, l’Union africaine et la communauté internationale. La situation des réfugiés au Nigeria est très préoccupante, la plupart, essentiellement des femmes et des enfants, vivent avec très peu de revenus. Les femmes et les filles sont les plus vulnérables. Plusieurs d'entre elles sont victimes d'abus sexuels les exposant à des grossesses non désirées et autres maladies sexuellement transmissibles.

Dans son communié que 25 juillet 2018, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein affirme que le gouvernement camerounais a refusé de donner l'accès aux enquêteurs des nations unis pour enquêter dans les régions du Nord-ouest et Sud-Ouest du Cameroun. En mai 2019, lors de son séjour de travail au Cameroun Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire des Nations Unis a réitéré la demande d’envoyer des enquêteur dans les deux régions anglophones du Cameroun et le gouvernement camerounais n’y a pas donné une suite favorable.

En 2018, les élections présidentielles se tiennent dans des conditions de vives tentions sociales et sécuritaires. Le scrutin est entachés d’irrégularités ayant fait l’objet d’un contentieux électoral pendant trois jours. Après la proclamation des résultats, le Professeur Maurice Kamto, classé 2e conteste les résultats et lance un plan national de résistance. Une partie de ce plan consiste à manifester pacifiquement son indignation contre ce qu’il a appelé le Hold Up Electoral, la guerre civile installée dans les régions du Nord Ouest et Sud Ouest, le détournement des fonds publics notamment le budget de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN TOTAL 2019), dont l’organisation a finalement été retirée au Cameroun car les infrastructures n’ont pas été livrés dans les délais convenus et ne pouvaient être prêts pour l’évènement.

A l’issue des marches pacifiques du 26 janvier 2019, le Professeur Maurice Kamto ainsi que ses partisans politiques et plus de 250 membres de son parti politique, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun(MRC) sont arrêtés et emprisonnés. D’autres arrestations auront lieu lors des marches pacifiques du 1er juin 2019 ainsi que dans les rues, cafés et bars de Yaoundé le 8 juin 2019. Ce sont près de 500 prisonniers politiques, partisans du Professeur Maurice Kamto, qui sont aujourd’hui détenus dans la prison principale et la prison centrale de Kondegui à Yaoundé.

Ce sont 6 régions sur 10 qui sont en état d’insécurité aujourd’hui, plongeant le Cameroun dans une situation de tension sociale, politique et économique sans précédent.